Coronavirus – Mieux vaut tard, très tard, que jamais

13 mars 2020

Le Président de la République a enfin pris la mesure de la catastrophe qui menace la France. Tard, très tard. Mieux vaut tard que jamais, certes : nous ne polémiquerons pas sur les sorties au théâtre, il y a quelques jours, pour inciter les gens à sortir ou les déclarations du ministre de l’Éducation nationale contredisant le matin ce que décide le Président le soir.

Le Président annonce en effet des mesures nécessaires : fermeture des écoles, collèges, lycées, universités. Il demande avec raison aux personnes vulnérables de prendre le moins de risques possible en ne sortant que si elles n’ont pas d’autre choix.

Mais parce qu’il s’y prend tard, très tard, ces mesures ne sont pas suffisantes : faute d’une loi, difficile à voter en 24 heures – ou d’un recours à l’article 16 de la Constitution qui aurait été excessif et inacceptable pour les Français –, il ne peut plus reporter les élections municipales, qui mettront ces mêmes personnes vulnérables en danger si elles viennent voter ; il n’est pas clair sur l’augmentation du nombre de tests, aujourd’hui dramatiquement restreint si on le compare à ce qui se fait dans d’autres pays ; il ne dit rien sur les masques de protection, qui devraient être produits et distribués en masse, ni sur l’augmentation des capacités de production de l’industrie pharmaceutique située en France. Sur ces derniers points, en situation de crise intense, on ne peut pas se borner à gérer la pénurie : il faut prendre des mesures exceptionnelles.

Surtout, il ne va pas au bout de sa logique. Pour rattraper le retard pris par la France dans la réaction à l’épidémie, il aurait été préférable de prendre des mesures de confinement bien plus drastiques dès aujourd’hui, en fermant non seulement les centres éducatifs, mais aussi les lieux accueillant du public non indispensables à la santé et à l’alimentation : les bars et restaurants comme en Belgique ; les salles de spectacles, les bibliothèques, les centres de loisirs, les salles de sport et les musées, comme en Italie.  

Le Président semble enfin avoir compris que la santé est un bien suprême qui ne doit pas être soumis aux lois du marché, que la solidarité nationale – et non la concurrence de tous contre tous – est ce qui permettra de sauver la société, que la souveraineté n’est pas un gros mot et que les biens de première nécessité ne doivent pas dépendre d’une production lointaine et hors de contrôle.

Espérons que cette conversion soudaine à nos valeurs, aux valeurs majoritaires dans le peuple français, est sincère et durable. « Cela reste à prouver », comme le disait ce médecin apostrophant le Président. Il est naturel de douter, lorsqu’on se souvient combien le macronisme a consisté jusqu’à présent à détruire méthodiquement la République sociale, telle que préparée par le Conseil national de la Résistance pendant la guerre et exprimée par le Préambule de la Constitution de 1946. 

Pour nous convaincre, le Président devra être plus cohérent : cesser de parler de « souveraineté européenne » – notion qui, en l’absence d’un peuple européen pouvant exercer cette souveraineté, est anti-démocratique ; annuler la réforme des retraites, qui avait pour but de développer une retraite complémentaire par capitalisation dont chacun voit, avec le krach boursier, combien elle est dangereuse en plus d’être injuste ; annuler la réforme de l’assurance-chômage, dont on voit en temps de crise combien elle met en danger non seulement des concitoyens privés d’emploi, mais bien l’économie tout entière ; remplacer l’UE, qui met les États en concurrence et les force à en faire toujours moins pour les citoyens et notamment leur santé, par une organisation de coopération entre États souverains. 

Oui, « cela reste à prouver », mais par des actes, et non par des paroles qui rappellent les promesses en l’air de Nicolas Sarkozy lors de la crise de 2008…

En attendant, le peuple français doit faire front ; il doit être discipliné, généreux, courageux, mais sans jamais abdiquer son esprit critique. Nous sommes persuadés qu’aux élections municipales, il votera contre les fossoyeurs de la République sociale, cette crise soulignant avec éclat la nécessité d’une République souveraine et solidaire.

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