La République face à Dijon la “Caucasienne”

18 juin 2020
Le HuffPost, 15 juin 2020

Les émeutes de Dijon des 14 et 15 juin 2020 permettent de placer sous les projecteurs des actualités la communauté tchétchène de France.

Même expatriée, cette communauté perpétue son système de clans, les teïp, et de vendettas, assorti de réseaux mafieux et, parfois, djihadistes.

Le Tchétchènes ne sont que 3 millions, dont 1,6 million en Tchétchénie. Cette communauté, originaire du Caucase, se caractérise aujourd’hui encore par son mode de vie patriarcal soudé autour de clans afférents à des vallées propres et à son code d’honneur, impitoyable, où la vendetta est force de loi. En cela, à l’image d’autres communautés méditerranéennes montagnardes, comme les Albanais ou les Kosovars, l’endogamie y est monnaie courante, les affaires du clan s’y gèrent en totale discrétion et opacité, les règlements de compte par armes à feu avec contrats y sont presque quotidiens.

Ces règles communautaires d’un autre temps s’appliquent également aux terrains d’expatriation de ces communautés. Ainsi, les Tchétchènes tiennent les deux branches des vory v zakone (« voleurs dans la loi »), la structure pyramidale souterraine des réseaux de prisonniers russes et ex-soviétiques et celle, horizontale et fédérée, des vory caucasiens. A ce titre, le code d’honneur tchétchène influence fortement celui des vory. Ces réseaux structurent également la communauté tchétchène expatriée, avec cette particularité d’une extrême souplesse et adaptabilité de réorganisation lorsque les réseaux sont neutralisés. Ainsi, lorsque la police française frappe l’un d’eux, spécialisé dans le trafic de drogue par exemple, six mois plus tard, le réseau est réorganisé d’une manière familiale et clanique autour de nouveaux trafics (prostitution, minerais, contrefaçon textile, essences, blanchiment…).

Les teïp sont également comme dans les communautés expatriées, pénétrés par l’islamisme. Cet islamisme peut simplement être pour les Tchétchènes un opportunisme de situation, comme chez les partisans de leur Président fantasque, Ramzan Kadyrov, qui fait appliquer la charia dans sa république avec la bénédiction et les subsides de Moscou. Traditionnellement les soutiens de Kadyrov, russifiés, sont surtout présents dans les plaines du Nord de la petite république caucasienne. A l’opposé, les fervents tenants d’une ligne encore plus dure, celle du djihadisme armé, fidèles à l’Emirat du Caucase de feu Dokou Oumarov (pro-Al Qaïda), ou du Djammat al-Mouhajirin wal-Ansar (pro-Daech) de feu Omar al-Chichani, proviennent plutôt de la zone montagneuse du sud, se prolongeant en Géorgie par la Vallée tchétchénophone de Pankisi, le vivier de l’ancien État Islamique d’Irak et du Levant.

Les réseaux tchétchènes expatriés reproduisent fidèlement cette fracture géographique, religieuse et culturelle, ne parvenant pas à se desserrer de l’étau du carcan communautaire pour mieux s’insérer dans les sociétés d’accueil. L’attentat de Boston par les frères Tsarnaïev en 2013, l’attentat de l’Opéra de Paris par Khamzat Azimov en 2018 et les pogroms réguliers opposant régulièrement depuis la fin des années 1980 les Tchétchènes aux autres communautés, notamment musulmanes des États d’accueil en Asie centrale, témoignent des plus grandes difficultés d’intégration de cette communauté et de la force des filières claniques opaques.

Les émeutes de Dijon doivent urgemment faire prendre conscience aux autorités française du caractère atypique de cette communauté, peu nombreuse mais très soudée, aux réseaux imperméables et au code d’honneur perçu comme supérieur aux lois des sociétés d’accueil. La République ne doit pas tolérer sur son sol les expressions radicales et violentes du communautarisme. Les différends personnels qui prendraient la dimension d’un affrontement entre « communautés » doivent se régler conformément à la loi républicaine dans les tribunaux, les ministères et les préfectures, et non dans des lieux de culte. En parallèle, la France doit donner au plus vite tous les moyens à ses services de renseignement pour infiltrer les réseaux communautaires opaques, remonter et neutraliser les filières, saisir leurs avoirs économiques illégaux et mafieux, en lien avec la criminalité organisée ou les réseaux terroristes. Enfin, la République doit savoir empêcher les restructurations de ces filières autour de nouveaux acteurs et de nouveaux trafics.

Pour ce faire, les actes de violences des filières tchétchènes sur son sol obligent notre République à renouer avec sa souveraineté et à coopérer à l’international de manière équidistante avec les autres États occidentaux et la Russie.

Romain Contis, commission Affaires intérieures

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